Rencontre avec la scénographe de l'Exposition Delacroix au Louvre : des nocturnes gratuites jusqu'au 23 juillet
Fête nationale oblige, il est difficile de ne pas évoquer la prise de la Bastille et la mémorable toile "la Liberté guidant le peuple" d'Eugène Delacroix (1798-1863).
Le peintre français est à l'honneur dans une exposition au Louvre, encore quelques jours, jusqu'au 23 juillet avec des nocturnes gratuites*
Courez-y !
J'ai rencontré la scénographe de l'exposition, Victoria Gertenbach, afin de comprendre le travail scénographique effectué sur une telle exposition.
Shirine Banjy : Quel est le rôle du scénographe ?
Victoria Gertenbach : Le rôle du scénographe est de traduire dans l'espace le propos de l'exposition en rendant possible et harmonieuse la cohabitation des visiteurs et des œuvres d'art dans un lieu donné.
Il crée donc à l'aide de volumes, de couleurs et de lumières, cet entre-deux qui guidera le parcours du public d'une œuvre à l'autre, rendant ainsi dans le domaine du sensible la compréhension d'une démonstration intellectuelle et esthétique.
SB : Comment avez-vous procédé avec Eugène Delacroix ? c'est-à-dire du projet (le cahier des charges) à l'exposition, de son parcours étape par étape, sa durée, des différentes synergies des métiers nécessaires à la mise en œuvre d'une exposition de cette envergure...
VG : La création de cette scénographie est le fruit d'une étroite collaboration avec les commissaires de l'exposition, Sébastien Allard et Côme Fabre (département des Peintures, musée du Louvre). Les études commencent un an avant l'ouverture par une conversation avec les commissaires lors de laquelle seront abordées les premières intentions, le synopsis de l'exposition et la liste des œuvres.
A l'issue de cette rencontre le scénographe produit une esquisse du projet. Cette première phase permet de présenter le concept spatial imaginé à tous les interlocuteurs concernés : les conservateurs, les régisseurs, les agents de la surveillance, ceux de la sécurité, les conducteurs techniques, les artisans, les graphistes, les médiateurs... et plus encore selon le sujet.
Pendant 5 mois ensuite le projet est entièrement dessiné en plans, en images. Il existe 4 phases de présentation générales ou la scénographie se précise au grès des requêtes de chaque métier et s'affine esthétiquement. Les couleurs, les matières, la géométrie, sont testées ou simulées en image, en 3d, afin de trouver les proportions, et les rapports de tons les plus élégants et les plus pertinents par rapport au sujet.
Les acteurs ensuite qui font l'exposition sont vraiment très nombreux. En ce qui concerne la scénographie, il y a le ou la scénographe, ceux qui l'expertise sous l'angle de leur propre métier puis ceux qui la fabriquent. Une entreprise construit, un conducteur de travaux suit le chantier et le scénographe (la maitrise d’œuvre) veille à la justesse de la construction par rapport à ses dessins.
SB : Où trouvez-vous vos inspirations ?
VG : Partout !
Tout autour de nous est source d'inspiration permanente. Le construit comme le naturel, jusqu'aux rapports de tons d'une tenue vestimentaire.
Mon œil regarde toutes les lumières, les couleurs, les proportions, leurs interactions et ce qu'elles évoquent chez moi. Tous les espaces que je traverse me donne des sensations, des émotions et consciemment ou non, je m'en imprègne. Ensuite lorsque je suis devant un plan vide de l'espace que je dois inventer, j'oscille entre mes intentions verbales et des objets réels contenus dans ma mémoire. Il y a certains liens que j'analyse de manière rationnelle, et d'autres plus intuitifs dont je ne connais plus l'origine.
Pour Delacroix, l'enjeu était de rendre sensible la fougue de sa jeunesse, son ambition, ses passions, ses voyages, ses études minutieuses et studieuses, la sérénité et l’accomplissement de ses dernières années. Ces différents aspects du travail de l'artiste sont traduits dans l'espace par une palette de couleurs dont la lumière et les contrastes évoluent au fil des salles. De l'obscurité du théâtre à la lumière du Maroc, les gris d'un ciel orageux et le bleu d'un intérieur anglais, les sources d'inspiration sont multiples.
Les matières, le métal, peut être brut ou filer en une ligne qui souligne de manière imperceptible la construction.
La géométrie change aussi, d'un apparent désordre à l'ordre, de l'intime au plus vaste selon que le visiteur touche à l'intime de l'artiste ou à ses succès. Les salles sont parfois des cabinets d'études ou le parvis de grands monuments de la peinture.
Il n'y a pas une unique inspiration, comme il n'y a pas une unique réponse scénographique. Dans la création d'un espace se mêlent inévitablement la présence des œuvres, la sensibilité des commissaires de l'exposition et celle du scénographe.
Mes coups de cœur de l'exposition :
*Plusieurs nocturnes gratuites de 18h à 21h45 à jusqu’au lundi 23 juillet 2018.
Prochaines nocturnes exceptionnelles gratuites les lundis 16 et 23 juillet, jeudi 19 juillet, samedi 14 et 21 juillet et dimanche 22 juillet.
Réservation de votre créneau sur www.ticketlouvre.fr
Le peintre français est à l'honneur dans une exposition au Louvre, encore quelques jours, jusqu'au 23 juillet avec des nocturnes gratuites*
Courez-y !
J'ai rencontré la scénographe de l'exposition, Victoria Gertenbach, afin de comprendre le travail scénographique effectué sur une telle exposition.
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| Victoria Gertenbach, scénographe au Musée du Louvre |
Shirine Banjy : Quel est le rôle du scénographe ?
Victoria Gertenbach : Le rôle du scénographe est de traduire dans l'espace le propos de l'exposition en rendant possible et harmonieuse la cohabitation des visiteurs et des œuvres d'art dans un lieu donné.
Il crée donc à l'aide de volumes, de couleurs et de lumières, cet entre-deux qui guidera le parcours du public d'une œuvre à l'autre, rendant ainsi dans le domaine du sensible la compréhension d'une démonstration intellectuelle et esthétique.
SB : Comment avez-vous procédé avec Eugène Delacroix ? c'est-à-dire du projet (le cahier des charges) à l'exposition, de son parcours étape par étape, sa durée, des différentes synergies des métiers nécessaires à la mise en œuvre d'une exposition de cette envergure...
VG : La création de cette scénographie est le fruit d'une étroite collaboration avec les commissaires de l'exposition, Sébastien Allard et Côme Fabre (département des Peintures, musée du Louvre). Les études commencent un an avant l'ouverture par une conversation avec les commissaires lors de laquelle seront abordées les premières intentions, le synopsis de l'exposition et la liste des œuvres.
A l'issue de cette rencontre le scénographe produit une esquisse du projet. Cette première phase permet de présenter le concept spatial imaginé à tous les interlocuteurs concernés : les conservateurs, les régisseurs, les agents de la surveillance, ceux de la sécurité, les conducteurs techniques, les artisans, les graphistes, les médiateurs... et plus encore selon le sujet.
Pendant 5 mois ensuite le projet est entièrement dessiné en plans, en images. Il existe 4 phases de présentation générales ou la scénographie se précise au grès des requêtes de chaque métier et s'affine esthétiquement. Les couleurs, les matières, la géométrie, sont testées ou simulées en image, en 3d, afin de trouver les proportions, et les rapports de tons les plus élégants et les plus pertinents par rapport au sujet.
Les acteurs ensuite qui font l'exposition sont vraiment très nombreux. En ce qui concerne la scénographie, il y a le ou la scénographe, ceux qui l'expertise sous l'angle de leur propre métier puis ceux qui la fabriquent. Une entreprise construit, un conducteur de travaux suit le chantier et le scénographe (la maitrise d’œuvre) veille à la justesse de la construction par rapport à ses dessins.
SB : Où trouvez-vous vos inspirations ?
VG : Partout !
Tout autour de nous est source d'inspiration permanente. Le construit comme le naturel, jusqu'aux rapports de tons d'une tenue vestimentaire.
Mon œil regarde toutes les lumières, les couleurs, les proportions, leurs interactions et ce qu'elles évoquent chez moi. Tous les espaces que je traverse me donne des sensations, des émotions et consciemment ou non, je m'en imprègne. Ensuite lorsque je suis devant un plan vide de l'espace que je dois inventer, j'oscille entre mes intentions verbales et des objets réels contenus dans ma mémoire. Il y a certains liens que j'analyse de manière rationnelle, et d'autres plus intuitifs dont je ne connais plus l'origine.
Pour Delacroix, l'enjeu était de rendre sensible la fougue de sa jeunesse, son ambition, ses passions, ses voyages, ses études minutieuses et studieuses, la sérénité et l’accomplissement de ses dernières années. Ces différents aspects du travail de l'artiste sont traduits dans l'espace par une palette de couleurs dont la lumière et les contrastes évoluent au fil des salles. De l'obscurité du théâtre à la lumière du Maroc, les gris d'un ciel orageux et le bleu d'un intérieur anglais, les sources d'inspiration sont multiples.
Les matières, le métal, peut être brut ou filer en une ligne qui souligne de manière imperceptible la construction.
La géométrie change aussi, d'un apparent désordre à l'ordre, de l'intime au plus vaste selon que le visiteur touche à l'intime de l'artiste ou à ses succès. Les salles sont parfois des cabinets d'études ou le parvis de grands monuments de la peinture.
Il n'y a pas une unique inspiration, comme il n'y a pas une unique réponse scénographique. Dans la création d'un espace se mêlent inévitablement la présence des œuvres, la sensibilité des commissaires de l'exposition et celle du scénographe.
Mes coups de cœur de l'exposition :
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| Jeune tigre jouant avec sa mère |
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| Orpheline au cimetière |
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| La mer à Dieppe |
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| Autoportrait, qui figurait sur l'ancien billet de 100 francs |
*Plusieurs nocturnes gratuites de 18h à 21h45 à jusqu’au lundi 23 juillet 2018.
Prochaines nocturnes exceptionnelles gratuites les lundis 16 et 23 juillet, jeudi 19 juillet, samedi 14 et 21 juillet et dimanche 22 juillet.
Réservation de votre créneau sur www.ticketlouvre.fr
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